Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé

117 pages.

Editions  Pocket.

Quatrième de couv':

Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune Périgourdin intelligent et aimable, se rend à la foire de Hautefaye, le village voisin. Il arrive à destination à quatorze heure. Deux heures plus tard, la foule l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé.

Pourquoi une telle horreur est-elle possible ? Comment une foule paisible peut-elle être saisie par une frénésie aussi barbare ?

Ce calvaire raconté étape par étape constitue l'une des anecdotes les plus honteuse de l'histoire du XIXe siècle en France. 

Mon avis:

Ahhh !! L'écriture de Jean Teulé !! Dans un genre complètement différent, il me fait penser à Amélie Nothomb: On aime ou on n'aime pas. Moi, j'adore.. 

Ce roman est particulièrement violent, sordide, glauque. Si vous voulez découvrir l'auteur, ce n'est peut-être pas par ce récit qu'il faut commencer. On suit le chemin de croix d'Alain lieu par lieu. Chaque partie est un arrêt sur son parcours,  une étape de son calvaire. Pour que l'on suive bien son supplice et que notre participation soit complète,  Jean Teulé a pris soin de nous faire, en amorce des chapitres,  un petit plan du village avec une croix à chacun de ses lieux maudits. 

Si ce roman avait été une fiction, je l'aurais trouvé too much, exagéré  à peine crédible. Seulement voilà, Jean Teulé trouve son inspiration dans des faits divers historiques inimaginables. La verve de l'auteur, ses mots crus pour décrire la torture infligée à notre jeune Périgourdin, nous met face à ce que l'humain a de pire à offrir: l'horreur absolue, la pure cruauté. Mais la magie de Jean Teulé est d'arriver à mettre de la poésie et de l'humour dans ses écrits, même lorsqu'il s'agit d'exprimer l'indicible.

<< Ils sont maintenant une dizaine par lien à tirer. Ils tentent d'arracher les membres du tronc. Les épaules d'Alain se démettent, les têtes de fémur se délogent de leur cavité. Est-ce que ça lui fait mal ? Comment vous dire ?... Paupières écartées, il paraît dormir les yeux ouverts. L'espace se dilate dans ce dérèglement de l'ordre universel. Le ciel est transi d'éclairer tant d'ombres.>> 

Un verre, ça va... Trois verres.. Bonjour les dégâts ! Où comment l'abondance d'alcool associé à une succession de malentendus et à l'effet de foule, dans laquelle l'individualité se perd,  peut amener à la folie, à une barbarie sans nom..

Je valide le défi 18 du challenge lecture 2021 de Recyclivre: Un roman historique.